L’OCDE et l’économie mondiale

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SESSION DE 2006

(Quatrième partie)

COMPTE RENDU

de la vingt-huitième séance

04/10/2006 à 15:00:00

L’OCDE et l’économie mondiale

LE PRÉSIDENT. – La parole est à M. Hunault.

M. HUNAULT (France). – Monsieur le Président, dans le cadre de ce débat annuel devant votre Assemblée sur les activités de l’OCDE et l’économie mondiale, je tiens à saluer à mon tour, la qualité du rapport de M. Cosidó, les intervenants entendus au nom des différentes commissions et votre exposé M. le Secrétaire général.

Jamais l’économie mondiale n’a connu une croissance aussi soutenue qu’en 2005 et 2006 notamment en Asie. Certes, comme il est écrit dans le rapport, l’économie mondiale est confrontée aux défis de la hausse des prix de l’énergie, des déséquilibres commerciaux et budgétaires de certains pays. Plus grave encore que ces défis, l’économie mondiale est confrontée aux déséquilibres et à l’accroissement des disparités entre pays riches et pays pauvres. Nous avons obligation de lutter contre la pauvreté. Alors que le secteur financier réalise des profits record, que jamais il n’y a eu autant de disponibilités financières, les inégalités s’accroissent entre les pays riches et pays pauvres! Or, nous savons ici que l’économie mondiale ne peut s’exonérer de certaines préoccupations et exigences. La situation de misère, d’extrême pauvreté pour près de deux milliards d’êtres humains qui vivent avec moins de 1,5 dollar par jour, est une insulte à notre dignité humaine.

La misère est la cause première de l’immigration en provenance des pays pauvres. Aucun mur, aucune loi n’arrêtera l’immigration des populations en provenance des pays abandonnés qui réclament, à juste titre, leur part de dignité.

Dans ce débat, je voudrais mettre en relief des pistes pour conforter la croissance et l’économie mondiale vers une économie plus justement et mieux partagée. L’exigence d’une bonne gouvernance passe par la lutte contre toute forme de corruption et contre le blanchiment du produit de l’activité criminelle organisée. En effet, on sait qu’il existe une relation étroite entre le niveau de la pauvreté et celui de la corruption. Nous devons donc réagir et nous poser la question de la traçabilité des mouvements financiers dans le dessein de lutter contre la corruption qui sévit dans le domaine de l’aide accordée aux pays en voie de développement, trop souvent détournée de ses objectifs. Nous devons aussi veiller à orienter l’aide au développement vers l’éducation et la recherche, dans un monde où un enfant sur deux n’a pas accès à l’école! Nous devons aussi engager, comme vous l’avez suggéré M. le Secrétaire général, une action urgente pour l’accès à l’eau potable et aux richesses les plus essentielles dont sont privés tant d’êtres humains.

Se pose aussi la question de l’efficacité des institutions de coopération notamment financières. A l’exemple de la BEI et de la BERD, au nom de la commission économique de notre Assemblée, je suis chargé de rédiger un rapport sur l’opportunité de créer une nouvelle institution financière, la banque Euro-Méditerranée, qui serait orientée vers le développement durable, le financement d’infrastructures et l’éducation dans les pays de l’Euro-Méditerranée.

Les déséquilibres et la pauvreté entraîneront l’économie mondiale vers le chaos si nous ne réagissons pas. On sait que c’est sur le terrain de la pauvreté, des frustrations, de l’ignorance que prospèrent la haine, le terrorisme et les conflits.

Monsieur le Secrétaire général a parlé à juste titre des déséquilibres démographiques dans les pays développés, où la population vieillit. Au-delà de la problématique du financement des retraites, se posera la question du financement de la dépendance des personnes âgées et handicapées.

Devant cette Assemblée parlementaire qui a vocation à œuvrer pour la dignité de l’homme, qui se doit de contribuer à construire un monde de paix et de prospérité, nous devons, à l’occasion de ce débat sur l’économie du monde, comme nous l’avons fait en juin 2005 lorsque nous avons débattu des priorités du troisième millénaire, appeler à la construction d’un nouvel ordre économique mondial:mais aussi œuvrer à rendre plus efficace les institutions politiques, juridiques et financières existantes.

Monsieur le Secrétaire général, vous avez souhaité des suggestions. Il me semble que, face aux défis du XXIe siècle, au premier rang desquels se trouve la pauvreté, il faudra se poser la question de l’efficacité des institutions existantes. Ne faut-il pas en créer de nouvelles pour rendre plus prospère l’économie du monde au service de toutes les nations ?