Confiance et soutien

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Après dix jours de grève, les Français sont exaspérés de ne pouvoir se déplacer et travailler. A Paris et dans la région parisienne, ce sont les plus modestes qui galèrent : il suffit de prendre le métro pour s’en rendre compte.

La France est-elle un pays moderne quand les désaccords s’expriment de façon aussi archaïque que la paralysie du pays ?

Dans une démocratie apaisée, la négociation serait la règle et la réforme fruit des propositions et des compromis.

Le Président de la République a clairement annoncé, pendant la campagne de l’élection présidentielle qu’il était nécessaire de réformer les régimes spéciaux et allonger la durée de cotisations pour prétendre bénéficier de la retraite à taux plein.

Pourquoi ?

Parce qu’il en va de la pérennité même du système de retraite par répartitions auquel les Français sont attachés.

Comment vouloir ignorer la réalité de la situation ? Le nombre des actifs n’est guère plus important que celui des inactifs, dont la durée de vie ne cesse de s’allonger.

Toutes les nations du monde, au premier rang duquel nos voisins européens, sous gouvernance socialiste, ont retardé l’âge de la retraite, sans que cela donne lieu aux manifestations d’aujourd’hui.

Les salariés ont intérêt à la négociation.

Chacun a bien compris que la question première n’est pas tant l’âge de la retraite que celle du pouvoir d’achat et le montant de futures retraites.

Des pistes de réformes existent :

- assurer la solidarité certes mais rendre le salaire plus attractif en exonérant de charges les bas salaires ;

- permettre d’octroyer un «  treizième mois » exonéré de toutes charges sociales et prélèvements au bénéfice des salariés ;

- créer une branche spécifique (une cinquième branche) de la protection sociale pour dissocier les prestations « vieillesse » du coût de la dépendance des personnes âgées ;

- favoriser en amont le dialogue avec les partenaires sociaux et les pouvoirs publics en vue d’une réforme comprise et acceptée de la loi Fillon sur les retraites, dont les nouvelles règles seront à définir en 2008 ;

A cet effet, un effort particulier doit être assuré en faveur des femmes qui sacrifient leur vie professionnelle pour élever leurs enfants. Les années consacrées à leur famille devraient être prise en compte au titre des droits à la retraite ; un « crédit formation » devrait leur être réservé pour favoriser leur retour dans la vie professionnelle et une allocation leur être versée au titre d’un salaire parental de libre choix.

- augmenter le pouvoir d’achat des Français, c’est aussi la généralisation du chèque transport au regard du coût exorbitant des déplacements ; le lancement d’un vaste plan d’investissements et de construction de lignes de transport en commun, incitant les différentes autorités organisatrices de transport à généraliser des tarifs attractifs et offrir une alternative à la voiture.

Les français veulent des perspectives, retrouver confiance, retrouver un idéal susceptible de les unir et de rassembler l’immense majorité qui se retrouve dans les valeurs du travail, du mérite, du dépassement de soi !

Le visage de la France, en cette fin d’année 2007 inquiète, car les forces vives sont lassées de ces jours de grèves. Pour ma part, j’en appelle à la solidarité et au soutien sans faille au Président de la République dans sa volonté de réforme et à la reprise du travail.

La majorité présidentielle a aussi un devoir : celui d’expliquer et de mettre en perspective les réformes indispensables pour assurer l’avenir des générations futures.

Les réformes sont inéluctables : avec 20% de la population active au sein de la fonction publique, il en découle un appauvrissement des fonctionnaires, alors que nos voisins européens ont moitié moins de fonctionnaires.

La fonction publique joue un rôle indispensable lorsqu’il s’agit d’assurer les missions régaliennes de l’Etat : défense, sécurité, éducation, solidarité…

Mais la France doit favoriser les initiatives, lever les obstacles et les barrières à la création d’entreprises, orienter la dépense publique vers la recherche, l’innovation et la création de richesses et redonner la récompense au mérite, au moyen d’une maîtrise des prélèvements trop importants et donc dissuasifs.

C’est sur ces bases qu’a été élu Nicolas Sarkozy. C’est du vote des Français qu’il tient sa légitimité pour agir et tenir bon !

Désormais, à chacun de prendre ses responsabilités, gouvernement, syndicats, partis politiques … ce qui n’exonère pas de dialogue, de respect, d’explications, en un mot de méthode, pour mettre en perspective le visage à venir d’une France apaisée, plus compétitive et réconciliée avec le goût du travail.

Michel Hunault, le 22 Novembre 2007