Concertation – Dialogue – Fermeté

Catégories: Actualités, Editorial

Le pays est une nouvelle fois paralysé par une grève dans les différents secteurs de l’économie nationale : transports, mais aussi universités, agents des services publics et demain la magistrature !

Pourquoi ?

A l’origine, l’annonce par le Gouvernement d’une réforme des régimes spéciaux de retraite, pourtant annoncée dans le cadre de la campagne électorale du Président de la République Nicolas Sarkozy, porteur d’une légitimité démocratique incontestable.

Il y a urgence à engager des réformes, car il en va du maintien du système auquel les Français sont si attachés, tant en ce qui concerne la protection sociale, que les retraites par répartition.

Il faut regarder les choses en face : le financement et la pérennité de ces régimes sont aujourd’hui compromis au regard de la pyramide des âges : de moins en moins de cotisants alors que le nombre de bénéficiaires de prestations vieillesse augmente en raison de l’allongement de la durée de la vie.

Le financement des retraites doit s’accompagner aussi d’une réforme du financement de la dépendance liée au vieillissement de la population.

Alors que le pouvoir d’achat des retraités est rogné à cause du renchérissement du coût de la vie, de la hausse des prélèvements, les personnes âgées doivent pouvoir être assurées d’être en mesure de bénéficier d’une protection sociale, et d’être aidées en cas de dépendance.

C’est pourquoi la réforme des retraites devrait être accompagnée de l’annonce du financement de la dépendance, réforme couplant la création d’une cinquième branche de la sécurité sociale, annoncée par le Président de la République, et de mécanismes fiscaux incitatifs pour le financement de la prise en charge de ce risque.

Qu’y a-t-il de choquant d’exiger une durée de cotisation de 40 ans pour tous quand l’ensemble des pays d’Europe a allongé l’âge de la retraite jusqu’à 65 ans afin de pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein ?

Les pistes de réforme ne peuvent se résumer à l’allongement de la durée de cotisation, à l’augmentation des cotisations et à la diminution des prestations versées.

Il faut aussi assurer le pouvoir d’achat des retraités et sécuriser les parcours professionnels.

L’annonce de la réforme doit donc se coupler avec des négociations quant au pouvoir d’achat des Français et à leur niveau de retraite.

La pénibilité doit être prise en compte et faire l’objet d’une mise à plat. Comment justifier qu’un conducteur de TER puisse prétendre à une retraite à 50 ans alors que des millions de salariés, notamment les femmes, travaillent dans des secteurs d’activités où la pénibilité est grande et les salaires bas : hôpital, industrie agroalimentaire…

Beaucoup de Français manquent de considération et leurs rémunérations demeurent trop faibles.

La réforme des retraites devrait s’inscrire dans un vaste « Grenelle de l’emploi, des retraites et du pouvoir d’achat », à l’image du « Grenelle de l’environnement », lieu d’expression, de négociation, de concertation, de démocratie de proximité.

Les Français sont attachés à leur protection sociale, mais souhaitent que le pouvoir d’achat soit garanti et que la différence entre les salaires et les revenus de l’assistance soient sensibles : Oui à la solidarité nationale mais à condition que les salaires soient suffisamment augmentés.

Il faut aussi que les entreprises améliorent le dispositif des avantages octroyés à leurs salariés : tickets-transports, tickets-restaurants, assurances-dépendance complémentaires dont les cotisations de groupe doivent faire l’objet d’incitations fiscales.

Le pouvoir d’achat et le financement de la santé et de la dépendance, ne peuvent être dissociés de la réforme des retraites.

Dans cette négociation, la situation des femmes doit faire l’objet d’une attention toute particulière. Nombre d’entre elles ont des salaires trop bas et sacrifient leur vie professionnelle pour mener de front leur vie familiale et l’éducation des enfants.

La journée de grève de ce mercredi 14 appelle chacun à sa responsabilité !

La fermeté n’est pas en contradiction avec l’exigence d’écoute et de dialogue sur des objectifs, afin de pérenniser un système de protection sociale auquel les Français sont attachés !

Michel HUNAULT, le 22 novembre 2007